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Innovation en santé : les propositions de l’Institut Montaigne


Rédigé par Rédaction le Lundi 29 Mars 2021 à 11:18 | Lu 818 fois


L’Institut Montaigne vient de publier une note intitulée « Filière santé : gagnons la course à l’innovation ». Le think tank y fait douze propositions pour développer la filière santé française.



Afin d’apporter sa contribution au Conseil stratégique des industries de santé qui se tiendra au mois de juin, mais également dans le cadre de la présidence française à l’Union Européenne, l’Institut Montaigne publie la note « Filière santé : gagnons la course à l’innovation ». Le think tank formule 12 propositions concrètes pour la structuration d’une filière santé française plus transparente, agile et collaborative - notamment entre les acteurs publics et privés -, ouverte sur l’international et résiliente face aux potentielles futures crises sanitaires. 

L’Institut Montaigne appelle ainsi les pouvoirs publics à agir autour de trois axes : 
  • la lisibilité de la gouvernance de la filière santé au niveau territorial, national et européen ;
  • le développement d’usages numériques au service des patients (télémédecine, intelligence artificielle, automatisation etc.), ainsi que le déploiement d’outils de pilotage de la filière par la donnée ; 
  • la mise en place d’un investissement massif dans la prévention et la coordination des parcours de soin.
 
« La pandémie de Covid-19 a révélé certaines limites de nos systèmes de santé et les défis grandissants auxquels ils font face. Il est nécessaire pour y répondre d’adopter dès aujourd’hui une vision stratégique de long terme et de structurer davantage la filière santé. Cette démarche collective devra nécessairement associer l’ensemble des acteurs de la filière, publics comme privés », explique Thomas Buberl, Directeur général d’AXA et porte-parole de la task force de l’Institut Montaigne.
 
« Pour la qualité de la pratique de soin, pour la qualité du parcours des patients et pour la qualité de gestion, il est fondamental que la santé se pense et se structure en filière. Une filière, c’est une dynamique collective de collaboration, d’innovation et d’export portée par une articulation public-privé pensée, la protection du bien souverain que sont les données de santé et une logique de performance à l’export de l’écosystème dans son ensemble. La crise actuelle nous montre bien qu’on ne peut pas opposer santé et économie. La France, au sein de l’Europe, a un rôle de leader à jouer du fait de son modèle universaliste et de son tissu scientifique incontestable », précise Bernard Charlès, Vice-président du Conseil et Directeur général de Dassault Systèmes et porte-parole de la task force de l’Institut Montaigne.
  
« Les parcours de soins en ville comme à l’hôpital doivent être repensés autour de la prévention et de la gestion des maladies chroniques, notamment via des outils numériques de suivi, au service des patients », détaille Jean-Patrick Lajonchère, Directeur général du groupe hospitalier Paris Saint Joseph et membre de la task force de l’Institut Montaigne. 

 

Encourager la collaboration public-privé

« Il faut simplifier la gouvernance de la filière santé et la rendre plus lisible. Elle doit directement impliquer les acteurs qui innovent, afin d’encourager la création d’écosystèmes d’innovation à travers la mise en place d’appels à projets ou d’expérimentations sur le terrain. Un tel changement de gouvernance devra prendre en compte les usagers du système de santé afin de leur donner un vrai pouvoir de négociation avec les autorités », indique l’institut qui émet plusieurs propositions :
 
1. A l’échelle européenne
  • Mettre la gouvernance de la filière santé au sommet de l’agenda.
  • Développer une culture de partage des donnéeset de mise en cohérence entre les différents États membres d’indicateurs de qualité des soins du point de vue des patients.
  • Prolonger le travail d’harmonisationengagé avec l’EMA en créant les conditions d’une évaluation européenne des technologies de santé. 
 
2. A l’échelle nationale 
  • Créer un Secrétariat d’État chargé du développement de la filière santé et de la réorganisation de l’administration rattaché au Premier ministre, avec de réels moyens d’action.Ce Secrétariat d’État n’aurait pas vocation à être pérennisé dans le temps, mais à conduire une feuille de route claire. 
 
3. A l’échelle territoriale 
  • Adapter la gouvernance etinvestir davantage dans les pôles d’excellence régionauxpour permettre la mise en réseau des acteurs de la filière santé. Cela passe notamment par la réinvention d’outils de coordination et de dialogue entre les acteurs économiques et les structures publiques mais aussi la création de hubs associant tous les acteurs de l’innovation.

Développer des outils de pilotage et le numérique

« Une meilleure remontée des données et une stratégie de pilotage par la donnée peut permettre de bâtir un système de santé plus réactif et plus efficace, une évaluation de la qualité des parcours comme des soins, une stratification des besoins et de l’offre en fonction des attentes des patients, une meilleure prévention grâce à la détection précoce, des parcours mieux coordonnés grâce à l’échange d’informations et au monitoring en continu, ou encore la mise en place de modalités de financement nouvelles qui rémunèrent et incitent les acteurs en fonction des résultats obtenus », précise, sur ce point l’institut, qui recommande ainsi de : 
  • Mettre en place un tableau de bord de la filière santéafin de piloter le système à partir d’indicateurs sanitaires, organisationnels et économiques, construits et partagés par l’ensemble des acteurs.
  • Accélérer la définition de référentielspour favoriser la portabilité des bases de données et encourager ainsi la concurrence et l’émergence de leadersdu numérique en santé.
  • Mettre en place des mécanismes d’incitation des professionnels de santé à l’adoption des usages numériqueset imaginer des programmes d’accompagnement par les acteurs de la filière.

Prévenir et coordonner

« La conception de la médecine de parcours doit amener un changement de paradigme profond sur la place de la prévention, la coordination des acteurs et la formation des professionnels de santé. De nombreux systèmes de santé ont, ou sont en train, de transformer l’organisation des soins pour les malades chroniques, à des échelles significatives et avec des impacts majeurs, tant sur les résultats cliniques que sur les coûts. De telles expériences de gestion qui valorisent les soins de ville et l’intégration entre les différents acteurs de soins, devraient également être mises en place en France, dans la mesure où elles répondent au besoin réel de prise en charge des pathologies chroniques », indiquent ici les membres de l’Institut Montaigne, qui proposent donc de :
  • Répondre à la pénurie de soignants en créant davantage de passerelles entre métiersen décroissance et métiers de la santé, entre médical et paramédical.
  • Développer de nouveaux modèles de financement pour favoriser l’émergence de plateformes d’intégration de soins et la collaboration entre professionnels (financement au parcours et à la performance, développement d’approches populationnelles, indicateurs de résultats, etc.).
  • Transformer l'Assurance “maladie” en Assurance “santé”capable d’intégrer les notions d’investissements, de prévention et de long terme.
  • Mettre la prévention au cœur des politiques de santé publiqueen y associant des acteurs en dehors du champ de la maladie, comme les parties prenantes de l’éducation et de la santé au travail.
 
Télécharger la note sur le site de l’Institut Montaigne






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